La petite rébellion de Kate Winslet


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Kate Winslet dans le rôle de la détective dans Mare of Easttown. Photo: Internet

L'avertissement selon lequel le grand écran peut devenir le pire ennemi d'une actrice qui n'est plus toute jeune vient d'être mis à mal par l'exceptionnelle Kate Winslet.

Harcelée dès l'adolescence pour son embonpoint – « tu n'auras que des rôles de grosse », lui a même dit un réalisateur –, critiquée avec hargne par la presse après son triomphe dans le film Titanic (1997) parce que sa taille était « pleine de graisse », l'actrice britannique vient non seulement de triompher dans une série policière diffusée par hbo, mais elle a aussi interdit les coups de ciseaux et les « améliorations » de son corps dans les scènes où elle apparaît peu vêtue.

La série s'appelle Mare of Easttown et a été considéré comme l'une des meilleures de ces derniers temps, sans perspective, pour l'instant, d'une deuxième saison car, selon ses réalisateurs, lorsque l’on a placé la barre haut, il faut bien y penser avant de répéter le saut. Kate Winslet (45 ans) interprète le rôle de Mare, une détective qui a perdu un fils et fait l’impossible pour conserver la garde de son jeune petit-fils, tout en essayant de démêler une intrigue criminelle minutieusement ficelée. Un personnage à l’allure négligée, sans maquillage, à deux doigts de l'abandon total, alors qu'une passion soudaine va la pousser à se dépouiller de ses tristes nippes face aux caméras.

Elle a abordé la question dans une interview au New York Times : « Vous n’avez pas intérêt ! », a-t-elle hurlé au réalisateur de la série Craig Zobel, en l’arrêtant net lorsqu'il a tenté d'effacer« un peu de ventre » dans une scène de sexe avec Guy Pearce. Elle a également renvoyé à deux reprises l'affiche promotionnelle, réalisée selon les règles en vigueur dans le marketing hollywoodien : « Ils disaient "Kate, vraiment, tu ne peux pas", et je répondais ; "Les gars, je sais combien j’ai de rides au bord des yeux, remettez-les s'il vous plaît" ».

Il convient de rappeler que cette attitude de Kate Winslet, qui consiste à se concentrer sur les exigences de ses personnages et à mettre de côté les apparences spectaculaires que les promotions exigent d'une star, l'a marquée tout au long de sa carrière. Même après le triomphe de Titanic, à l'âge de 22 ans, elle a refusé de continuer à apparaître dans d'autres films hollywoodiens et s'est retrouvée dans de modestes films indépendants, qui la présentaient dans la juste mesure humaine qu'exigeaient ses personnages.

Dans Le crépuscule des dieux (Billy Wilder, 1950), il y a une scène dans laquelle une Gloria Swanson vieillissante – dans son rôle de diva à la retraite – s'exclame avec lassitude : « ce sont les films qui sont devenus petits », faisant référence à l'époque où les films transformaient leurs stars en déesses. Pour renforcer le glamour, ils avaient alors recours à des filtres et à des directeurs de la photographie qui connaissaient les meilleurs angles de ces actrices, certaines très bonnes, mais toutes normalement construites pour être aimées au-delà de l'écran. Des femmes avec deux vies, une pour vendre des entrées dans les salles de cinéma, et une autre qui, dans la plupart des cas, était marquée par la vulnérabilité la plus destructrice.

Cela est désormais en grande partie derrière nous, cependant un excès de « joli visage » un excès de trucage et de Photoshop pour essayer d'embellir le talent domine encore l'industrie cinématographique.

En ce sens, la sortie de la séduisante Kate Winslet pourrait être le début d'une petite rébellion.


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