Dors, rêve, agis
« Dors avec les Anges, rêve avec les Saints »
Rubén Darío
On abat des murs qui n’auraient jamais dû exister
Et on en bâtit ou renforce d’autres qui ne doivent pas exister non plus
Et un jour seront à leur tour bruyamment abattus
Des tanks avancent dans l’ombre
On détruit des statues de vaillants combattants
Dont les images véridiques furent érigées à jamais dans l’âme
Des pays disparaissent ou apparaissent ou se déchirent
Et d’autres sont envahis mutilés
Et il y a des lieux où l’on célèbre par des fêtes de carnaval le crime
Que dénonce une petite voix de fillette isolée par de hauts murs vitrés
Les armes changent de cap et ne visent plus maintenant que le Sud.
Et toi
Prince champion pirate touffe de plumes
Robin pour l’heure des bois de lin
Tigre rouge
Chez qui bien des décennies après ont réapparu enlacés
Les noms des fils aînés
De ceux qui seraient si heureux de le savoir
S’ils n’étaient déjà poussière dans la poussière ombre dans l’ombre
Toi
Désiré au cours des longues nuits d’Afrique
Conçu à Cuba par amour et pour l’amour
Sans savoir que sur tes épaules aujourd’hui roses
Tu dois porter les constellations de feu et l’histoire
Plus rigoureuse plus implacable que ces constellations
Tu achèves les deux premiers mois après ton arrivée
En cette étrange planète dans cette incroyable maison en flammes
Et comme tu naquis aigle et non serpent à sonnettes
Poulain libre dans la plaine et non mouton
C’est à toi de la refaire et de l’agrandir
Paume à paume
Trille à trille
Fleur à fleur
Pardonne-leur
Pardonne-nous
Pardonne-moi
Phocas
Traduit par Carmen Calzadilla
Poésie Cubaine
1980-200
Bacchanales
No 24
Revue de la Maison de la Poésie
Rhône-Alpes
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