Alberto Lescay Merencio, Prix National des Arts Plastiques : « J'ai peur du rêve sur les lauriers »


alberto-lescay-merencio-prix-national-des-arts-plastiques-jai-peur-du-reve-sur-les-lauriers

L'artiste a reconnu que pour répondre au téléphone et découvrir qu'il était le Prix National des Arts Plastiques 2021, avait d'abord dû se nettoyer les mains pleines d’argile, car à ce moment il modelait Aponte.

Ce n'est pas du tout étrange pour ceux qui connaissent Lescay, travaillant et créant toujours, car ce sont des attitudes inhérentes à la personnalité du célèbre sculpteur de Santiago : travailler comme si le temps ne suffisait jamais ; comme s'il ne manquait jamais de raison de créer des sculptures, des gravures, des peintures... des œuvres monumentales.

L'année 2021 a apporté à Santiago de Cuba, parmi les nombreuses « bonnes nouvelles » dans le domaine artistique, deux hautes distinctions pour Lescay Merencio : le titre honorifique de Héros du Travail de la République de Cuba et ensuite, le Prix National des Arts Plastiques, aussi une source de fierté pour cette ville qui ne semble jamais se laisser d'étonner, par le désir invétéré de ses enfants, depuis le plus simple au plus illustre, de contribuer, de créer, de travailler.

Il y a un contraste énorme chez Alberto, entre sa parole calme et presque murmurée, et ce torrent imaginatif et laborieux ; infatigable et dominant face à l’argile, la peinture ou le métal.

J'ai cru deviner que Lescay profite de la conversation -et encore mieux si c'est avec des journalistes- pour se reposer. Une manière très astucieuse de procéder.

Les membres du jury du Conseil national des arts plastiques qui ont décerné le Prix à l'artiste n'ont pas ménagé leurs éloges en se référant à l'œuvre d'Alberto ; ni à Santiago de Cuba, où les gens l’ont acclamé : « Vous voyez, celui qui a fait le Maceo à cheval de la place a reçu un prix ».

Aussi spontanée que transcendantale est l'expression du gardien de l'immeuble où j'habite. Et cet homme ne sait pas que ses paroles sont le plus tendre hommage à Lescay.

Aller au currriculum du lauréat avec l'intention de synthétiser, d'abréger forcé par l'espace de la presse, fait partie de ces tâches où le bon sens vous dit : ne faites même pas semblant.

Cependant, on peut bien dire que même s'il fait partie des plus renommés de la sculpture monumentale de Cuba et des Caraïbes, Alberto est reconnu également pour avoir été député dans un Parlement honorable comme l’est celui de Cuba ; de multiplier son temps pour se consacrer aux nouvelles générations d'artistes. C'est pourquoi il est Maître des Jeunesses ; et pour avoir créée et présidée la Fondation Caguayo pour les arts monumentaux et appliqués pendant 23 ans, sans aucun doute une autre de ses grandes œuvres.

Car « Caguayo » est née au milieu d'une période particulière, où de nouveaux projets étaient impensables, et Lescay a dit qu'il voulait et pouvait le faire, sans demander aucune ressource. Et l'aventure s'est forgée dans le même atelier, dans le quartier de Caguayo, près de Dos Caminos, où le Titan de Bronze de la place a commencé à voir le jour en 1987. Là où la céramique est travaillée et le métal est fondu, est née la Fondation, qui aujourd'hui soutient, organise et projette la culture cubaine. De tout cela, Alberto est aussi le créateur.

Avec 70 expositions personnelles et ses œuvres monumentales, je répète qu'il est un créateur intarissable ; qui se distingue également par le soutien qu'il apporte à tout projet culturel, qu'il s'agisse d'arts visuels ou d'une autre manifestation, qui se déroule ici ou n'importe où à Cuba.

Amoureux de la famille, le peintre des« Viaje Luz », garde jalousement ses souvenirs de Loma de Martens, près de Santiago de Cuba, où il est né. Aujourd'hui, il est l'hôte principal de la Casa Templo, dans la rue Blanca, du quartier de Portuondo, où chaque année ils « chargent » le Mpaka, un dispositif magique symbolisant le Festival des Caraïbes, « avec tout ce qui est bon ».

Jusqu'à présent, j'ai essayé d'éviter ces références presque toujours détaillées sur des listes de récompenses, de reconnaissances, de tâches, de projets, qui dans le cas d'Alberto deviennent écrasantes. Alors que me reste-t-il ? Eh bien, avec son demi-siècle dans l'art; avec son esprit toujours entreprenant; avec son habitude d'aider et de reconnaître; avec son Maceo appelant les Cubains au combat, du haut du cheval fougueux de la Plaza de la Revolución ; avec Rosa la Bayamesa; avec le Che, du Ministère des Affaires étrangères ; avec le Martí à l'intersection de l'Avenida de los Libertadores et du Paseo ayant le nom du Héros National de Cuba, dans cette ville ; avec la maternelle Mariana, et inflexible à la fois, proche de l'Homme de Dos Ríos et du monolithe ayant un seul mot : Fidel ; avec le Cimarrón dressé et placé au sommet de la colline, que la Virgen de la Caridad semble protéger...

Une fois, face à tant de création et de reconnaissance, j'ai demandé à Alberto Lescay Merencio, Héros du Travail de la République de Cuba et Prix National des Arts Plastiques 2021, vous sentez-vous accompli ? Et j'ai toujours gardé sa réponse comme exemple de sa lignée :

« Accompli? Non. Satisfait oui, et toujours prêt à en faire plus. J’ai peur du rêve sur les lauriers ».

 

 


0 commentaires

Deje un comentario



v5.1 ©2019
Développé par Cubarte