Ethiel Faílde : « Il n'est pas nécessaire de se déguiser pour danser le danzón »


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Ce n'est pas à cause de son lien familial avec le créateur du danzón Las Alturas de Simpson que le flûtiste de Matanzas Ethiel Faílde est tombé amoureux de ce rythme.

« Miguel Faílde n'était pas un sujet de conversation chez moi. Je suis venu au danzón à l'école, puis j'ai demandé des informations à ma mère et j'ai commencé à relier les points, ceux qu'un enfant de six ans peut nouer. Je n'ai que le tourne-disque que Marcia, la directrice du Musée Pharmaceutique et grand défenseuse du patrimoine de Matanzas, m'a donné récemment, ainsi que les descriptions racontées par Osvaldo Castillo Faílde dans le livre Miguel Faílde, creador musical del danzón, que je garde toujours près de moi. Peu à peu j'ai assumé son héritage, le sauvetage et la continuité de son œuvre, plus que par le sang, par l'impulsion d'un jeune musicien qui découvre fièrement l'importance de son nom de famille pour la culture cubaine ».

Le jeune directeur de l’Orquesta Faílde a accepté de s'entretenir avec le journal Granma, par email, quand le groupe fête son neuvième anniversaire le 14 avril.

Quelle est la base du succès que vous avez eu dans votre carrière avec l'orchestre, si vertigineux qu'il a déjà conduit à une nomination aux Grammy Latin ?

L'histoire du groupe possède deux moments : la genèse et les premiers pas et après 2016. Dans le premier, tout s'est déroulé plus lentement et avec un relief très local, nous sortions de l'école avec un format et un répertoire et le contact continu avec le public a été pour le mieux. Puis, plusieurs événements se sont produits qui nous ont fait mieux connaître dans la capitale et au niveau des pays, ce qui nous ont obligés à regarder vers d'autres plans de plus grand vol professionnel.

Parmi ces événements, je dois souligner le concert sur Prado et Neptuno en 2015 ; la réalisation de notre premier album Llegó la Faílde, grâce au lien AHS-Egrem, qui a mérité deux nominations au Cubadisco 2016 et que la presse mexicaine a placé parmi les meilleures de l'année. Outre les collaborations avec Omara, le soin de la communication, les vidéoclips, la présence internationale dans des scènes aussi notables que le Kennedy Center, l'année avec Lizt Alfonso Dance Cuba et le travail sérieux avec le répertoire, le son et production discographique, en plus de la présence de Yerlanis et Yurisán comme premières voix dans l'orchestre.

Quelles sont les clés de l'orchestre ?

Je ne le sais pas exactement car il n'y a pas de manuel pour diriger un orchestre. Mais nous nous intéressons à la vérité dans tout ce que nous faisons, depuis le visage des musiciens lors de l'interprétation d'un danzón, jusqu’à notre communication et dans les réseaux sociaux. Nous croyons en ce que nous faisons, au service de la musique. Nous laissons chaque succès nous surprendre en travaillant, en étudiant et en les convertissant en plus de désirs de faire. Il faut toujours avoir les pieds sur terre, se débarrasser de l’ego, travailler ensemble, écouter. Chacun remplit son rôle dans le Faílde. L'unité de l'équipe et de la famille fait des merveilles.

Pourquoi pensez-vous qu'il n'y a pas plus de groupes, en particulier des jeunes, qui veulent interpréter des danzones ?

Je pense que nous devons d'abord célébrer ceux que nous avons, que ce soit purement de jeunes comme Cubaclamé, à Las Tunas, ou l'incorporation de musiciens de la nouvelle génération dans la liste des groupes déjà établis comme La Aragón, Siglo XX (dirigé actuellement par un jeune de 25 ans), Piquete Típico Cubano ou Acierto Juvenil, parmi d’autres. On doit mieux promouvoir cela, c'est par là que l’on doit commencer car ces choses inspirent.

Ni la jeunesse ni les années ne sont des garanties absolues de quoi que ce soit. La première chose que je fais quand je rencontre un groupe qui inclut des danzones dans leur répertoire est de voir leurs visages, leur port sur scène et ensuite je passe au son total, mais si ce que vous jouez ne s'épanouit pas dans vos expressions et semble quelque chose d'imposé, de forcé ou appris par la force, le mieux est de ne pas le faire, quelle que soit la génération.

En même temps, je sens qu'il n'y a pas de véritable union entre les jeunes représentants du genre, cela manque ; créer un front et nous soutenir les uns les autres. Je suis heureux que nous ayons de jeunes compositeurs intéressés par le danzón. On peut faire du danzón (ou du mambo, du cha-cha-cha, du son, etc.) avec les thèmes d'aujourd'hui, on peut faire des versions, revisiter des créations d'il y a plus d'un siècle avec le son et les codes actuels.

Ce sentiment de continuité doit également atteindre l'intérieur du mouvement danzonero, je fais référence aux danseurs et aux promoteurs naturels. Il faut faire confiance et écouter davantage aux jeunes, éliminer les barrières artificielles qui nuisent à cette expression socioculturelle que l'on aime tant, l'exemple le plus simple serait les costumes et la nécessité de maintenir l'élégance, mais avec les codes du 21ème siècle, Il n'est pas nécessaire de se déguiser pour danser le danzón.

Comment l'orchestre célèbre-t-il ce nouvel anniversaire ?

Nous faisons plusieurs premières à la radio, sur les réseaux sociaux et les plateformes musicales. Notre version de Nereidas est déjà sortie, le plus populaire des danzones mexicains, créé par Amador Pérez Torres Dimas et le 20 avril, nous avons présenté en première une version de Luna sobre Matanzas, un classique de Frank Domínguez que La Faílde a apporté au danzón chanté.

Pour le mois de mai, nous présenterons Joyas inéditas, le quatrième album en studio du groupe, qui sort grâce à la collaboration de la Direction Provinciale de la Culture de Matanzas et de l’Egrem. Cela apportera des œuvres inconnues de Miguel Failde et Aniceto Díaz dont il n'y avait aucun enregistrement phonographique. Ce n'est pas un album conçu pour un circuit de récompenses ou pour être un succès commercial, c'est un engagement dans le travail de ces immenses créateurs, un devoir envers la mémoire. Il sera suivi, en juin, de deux nouveaux vidéoclips. Esas no son cubanas, avec Andy Montañez, et Cuba libre, le premier audiovisuel de ce type avec une œuvre de Miguel Faílde, un travail confié à Joseph Ros, lauréat de plusieurs prix.

Nous attendons la sortie dans le monde du nouvel album de notre Omara Portuondo, dans lequel nous avons l'honneur d'être invités à soutenir la marraine dans un duo avec le célèbre espagnol Raphael. Il est bon que nos fans sachent que tous les samedis, depuis le 20 mars dernier, nous partageons sur Facebook et YouTube des moments du concert offert en octobre dernier dans le théâtre Sauto, à l'occasion des 90 ans d'Omara.


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