Lectures françaises de José Martí : La joie de vivre (1881), d’Émile Zola


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Dans le Cuaderno de apuntes 18 de José Martí, on lit deux citations du roman La joie de vivre (1881) d'Émile Zola :

« Il n’y a que la gaieté et la bonté : le reste est un simple cauchemar ». Zola : La joie de vivre.

« L’existence devient si facile, lorsque la maison est en belle humeur, et qu’on et vit les uns pour les autres ! »Z.- La J. de vivre.

[tome 21, quad. 19, page 461]

Dans ce même Cuaderno il annote ses impressions de lecture de ce roman, ainsi que de précieuses évaluations martianas sur le mouvement littéraire naturaliste, qui était le protagoniste de la scène littéraire française dans ces mêmes années. Martí considérait que le naturalisme était une constante dans la littérature de tous les temps qui se manifestait avec une nuance ou avec d'autres, mais qui avait toujours un but : enseigner les horreurs morales de l'être humain et ses conséquences pour l'améliorer. Ainsi que, en ultime instance, il assigne un but pédagogique au roman naturaliste.

Ce roman de Zola narre la vie d'une orpheline adoptée qui sait trouver le destin d'une vie humble et simple dans le travail et ses devoirs envers son prochain, lui permet d'illustrer son appréciation par un exemple. Il écrit :

Chez Zola, les différents caractères, méthodes, observations et phrases des œuvres françaises des époques qui l'ont précédé se renouvellent, et fondent (réapparaissent). Son observation dans La J. de V. (La joie de vivre), est la nouvelle expression, à la Fielding, de ce qu'un poète français a dit auparavant, avec l'élégance du temps, en le prenant peut-être de ce qui était déjà dans le grec ou le latin. (1)

Martí fait une lecture humaniste de ce roman et il a raison de préciser cette valeur artistique qui ne permet pas à l'œuvre d'art d'être une œuvre scientifique, comme Zola le souhaitait du point de vue théorique. Le credo naturaliste de l'auteur français défendu avec passion dans ses écrits programmatiques n'était rien de plus qu'une impossibilité pour la création artistique. Quand il prend la plume, il écrit comme un créateur, visant la beauté. C'est ainsi que José Martí l'exprime très clairement :

Ce que la J. de V. et le poète rappelle ce que Vitus a écrit sur le drame de Tolstoï, sur le langage d'une certaine scène : « Nous avions déjà dit cela magnifiquement ! » Oui la pensée, est là. Oui la forme, comment le laid et le grossier devraient-ils être préférables au beau ? Il n’y a pas non plus autant de nouveauté comme l’on pense dans la scène des lavandières de l’Assommoir : - Et dans la dispute entre le cocher et la couturière dans la Marianne de Marivaux ? Zola est un résultat ; en lui se joignent, comme pour se fondre, le romantisme et le réalisme.

 

1 - Cuaderno de apuntes 18, t. 21, pp. 403-404


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