LE PETIT PRINCE
C'est pour un petit Prince
Que cette fête a lieu.
II a des boucles blondes
Qui, sur l'épaule blanche,
Lui tombent doucement;
Et ses deux yeux ressemblent
A deux noires étoiles,
Volant, brillant, clignant,
Ils lancent des éclairs.
Pour moi, il est couronne,
Oreiller, éperon.
Ma main qui peut dompter
Les poulains et hyènes
Va, douce, obéissante
Là où il la conduit.
Si ses sourcils se froncent
Je tremble et s'il se plaint
Mon visage est de neige
Comme celui de femme.
Puisque son jeune sang
Chauffe mes molles veines :
Avec sa joie, mon sang
Se gonfle, ou bien se sèche !
C'est pour un jeune prince
Que cette fête a lieu.
Vienne mon chevalier
Par ce petit sentier
Que mon jeune tyran
Entre dans cet abri!
C'est ainsi qu’à mes yeux
Son image se montre
Comme en un antre obscur
Une étoile palie,
Et que tout se revêt
Des lueurs de l'opale.
A son passage, l'ombre
Découvre les nuances
Tel un soleil qui blesse
Tous les nuages noirs.
Allons! Qu’on soit en armes
Pour la bataille ! Car veut le
Prince nain
Que reprenne la lutte !
Pour moi, il est couronne,
Oreiller, éperon
Et comme le soleil
Brisant les noirs nuages,
En bandes de couleurs
L'ombre se convertit;
Lui, en le touchant, borde,
Dans les ondes épaisses,
Mon drapeau de bataille
De rouge et violet.
Comment mon petit maître
Veut-il que je revive ?
Vienne mon chevalier
Par ce petit sentier!
Que mon jeune tyran
Entre dans cet abri!
Puissé-je lui offrir
Ma vie, á lui, a lui!
C'est pour un petit Prince
Que cette fête a lieu.
Ismaelillo (1882).
Extrait de : Juan Marinello. José Martí, une étude avec une choix de textes.- Paris, Éditions Pierre Seghers, [1970], pp. 79-81. Traduits par JOSEP CARNER, EMILIE NOULET et IRMA SAYOL
21 juin 2019 20:43
La mejor es ella nataly
Deje un comentario