José Martí est l'avenir de Cuba


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167 ans après la naissance du Héros National de Cuba, nous proposons l’interview apparue à Cuba Sí. Trois chercheurs du Centro de Estudios Martianos valorisent la validité de la pensée du plus universel des Cubains.

José Martí (La Havane, 28 janvier 1853 – Dos Ríos, 19 mai 1895) est le plus grand politicien cubain de tous les temps et l'un des titans de la littérature hispano-américaine. Son immense héritage fait l'objet d'études permanentes ; sa pensée reste valable.

David Leyva González : Martí est un défi pour la politique contemporaine

Martí est un classique des lettres espagnoles. Il est l'un des intellectuels insurmontables, une référence de la littérature cubaine en particulier et hispano-américaine en général. On peut reconnaître en lui beaucoup d'écrivains.

Il a établi un lien très important avec la tradition et la culture nord-américaines. Au cours de ses années, il y avait une tendance généralisée à se tourner vers la France, vers l'Europe, et Martí a ouvert le spectre.

Rubén Darío l'a reconnu : Martí nous a fait découvrir Whitman, la pensée d'Emerson, la narration de Mark Twain ... Il a vécu aux États-Unis pendant quatorze ans et cela lui a donné une compréhension de tous les aspects positifs et aussi des négatifs.

Le monde dans lequel nous vivons aujourd'hui a été conçu à l'époque de Martí, donc voir cela dès le début est important : la croissance de la ville de New York, la phase impérialiste... il a vu que les États-Unis se sentaient appelés à être les Romains des temps modernes, de l'Amérique. Ce sont des questions qu'il a avisé depuis sa prose merveilleuse.

Il avait aussi la vertu d'être un grand poète. Cela l'a rendu doublement attrayant, car les idées politiques ne sont pas toujours accompagnées d'une grande pensée culturelle.

Martí est un défi pour la politique contemporaine : le message politique d'un écrivain est souvent très sensibilisé. Il l'a démontré avec sa pratique : il a touché des gens de tous les horizons, depuis les ouvriers du tabac jusqu’aux intellectuels et la bourgeoisie.

Tout cela se résume dans cette phrase brillante et difficile à concrétiser : « Avec tous et pour le bien de tous ».

- Dans les débats actuels, qu'est-ce que José Martí a à nous dire ?

En voyant ce qu'était la modernité à ses débuts, il a apprécié les débats des femmes pour s'insérer dans le monde du travail, pour avoir des conditions égales avec les hommes. Il a également vu le phénomène de la migration, de la discrimination avec les peuples du sud...

Il a fait référence aux défis de Notre Amérique. Il a mis en garde sur la nécessité pour nos peuples d'avoir une plus grande estime de soi. Que nous devrions essayer de consolider notre propre pensée, de ne pas rejeter l'Europe ou les États-Unis, de prendre de ces cultures, mais qu'elle parte de la nécessité de créer.

Cet exemple d'intellectuel politique et d'action est un trésor.

La promotion de la pensée de Martí est-elle suffisante ?

Elle est promue, mais elle est parfois promue à partir de sentiers battus. Il faut supprimer certains de ces lieux communs. Nous devons étudier et analyser de plus en plus les façons dont Martí a eu sa grande connaissance, de cette culture encyclopédique qui nous éclaire encore.

María Caridad Pacheco González : Ce que Martí a à dire

José Martí peut beaucoup apporter en ces temps. Comme il en a apporté dans d'autres. On peut parfaitement lui appliquer une phrase qu'il a dite il y a plus d'un siècle : « Celui qui se lève aujourd'hui avec Cuba se lève pour tous les temps ». Je crois qu'avec Martí, nous nous levons pour toujours.

Nous sommes conscients de l'importance de Martí aujourd'hui pour les nouvelles générations. L'une des personnes qui ont le plus travaillé à cet égard était Cintio Vitier. Il a fait ces cahiers pour qu'on puisse enseigner à tous les jeunes, à tous les niveaux de l'enseignement, à travers l'enseignement de Martí, toutes les bonnes choses qu'ils pouvaient faire pour ce pays et pour le monde.

L'une des choses qui nous impressionne le plus lorsqu'on fait des recherches sur la pensée de Martí c'est son sens de l'altruisme, de la solidarité, de la générosité envers l'autre, qu'il a exprimé non seulement du point de vue de la théorie ou du discours, mais aussi depuis la pratique quotidienne. Nous pouvons le constater, par exemple, dans le travail qu'il a fait avec les ouvriers du tabac en Floride, non seulement en tant que maître, mais aussi en tant que leader politique.

Il y a peut-être quelque chose que tout le monde ne connaît pas : au début des années 90 du XIXe siècle, un groupe d'ouvriers a dédié un album à José Martí, où chacun exprimait ce que cet homme signifiait pour eux. Presque toutes les opinions ont répété une idée : José Martí a réalisé l'avenir de Cuba. Et là, ils ont non seulement des Cubains ont écrit, mais aussi des gens d'autres nationalités : des Roumains, des Africains, de Vénézuéliens, des Étasuniens…

Cela nous en dit plus sur la grande admiration et le respect que Martí méritait. Il ne s’est pas approché de ces travailleurs pour obtenir des adeptes ; ils ont découvert en lui un homme qui voulait le bien pour son pays et pour tous les peuples du monde.

C'est le sentiment que Martí incarne. Ce n'est pas pour rien que Fidel Castro le considérait comme le Cubain le plus universel. Pour tout cela, à l'époque de la crise de civilisation dans laquelle nous vivons, Martí a encore beaucoup à dire. Et il va continuer à le dire.

Mario Juan Valdés Navia : Martí est le plus grand trésor de la nation

Pour José Martí, gouverner, c'est créer. La république dont il rêvait était une république en construction. Il a commencé à la construire à partir de l'émigration révolutionnaire cubaine. A l'heure de la mise à jour du modèle socialiste cubain, José Martí doit être plus présent que jamais.

La validité de Martí a à voir avec cette valeur qu'il a donnée à la créativité, à la création des formes d'organisation en fonction du développement que la société atteint, et à la culture du peuple cubain.

Dans son projet de république, des éléments tels que l'indépendance, la justice sociale et la liberté étaient des piliers. Ce sont les piliers que nous devons défendre et consolider en ce moment.

Quand je vois les gens discuter de ce que la nouvelle Constitution devrait inclure, je vois que Martí est présent. Il y a des choses qu'il faut défendre : la valeur du travail. C'est dans la pensée de Martí.

Je me souviens beaucoup de ce que Martí a dit à Juan Gualberto Gómez : « Nous allons conquérir toute la justice ». Il était clair que nous devions nous battre pour la république par la suite car, en ce moment, il se battait pour l'indépendance.

Comment rapprocher Martí aux nouvelles générations ?

Martí est un homme du XIXe siècle, a vécu intensément son époque. La première chose à dire, c'est que nous allons entrer en communication avec l'esprit de ce siècle. Les gens qui ne veulent pas faire face à cette expérience culturelle ne vont pas obtenir quelque chose d'utile.

Chaque génération a son propre Martí, mais les essences de sa pensée sont uniques. Nous ne les accordons pas ; c'est Martí qui nous les accorde.

Pour commencer un dialogue avec Martí, on ne peut pas s'attendre à tomber dans les méandres de la banalité, du conformisme, des lieux communs, de la lecture facile… Mais j'ai tous les espoirs, car il y a de très nouveaux éléments dans sa prose : son caractère plastique, visuel… De nos jours, par exemple, lire ses Scènes nord-américaines, c'est comme regarder un film.

Au-delà des consignes, au-delà de ce Martí de marbre, nous sommes en présence de l'un des plus grands penseurs du mouvement révolutionnaire international, l'une des plus grandes plumes de la langue espagnole. C'est le grand privilège, le plus grand trésor de ce pays.

 


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