Lorsque cent, deux cents ans et bien plus encore auront passé, ceux d'entre nous qui ressentent le départ du maestro Adalberto Alvarez ne seront évidemment plus en vie. Ce sont nos descendants qui continueront à profiter de l'œuvre du « Caballero del Son » (le Gentleman du « Son », qu'ils chérissent comme une offrande de la culture cubaine, qu'ils transmettront à leur tour aux autres générations.
Rien ne saurait étouffer ce qui est enraciné, ni ôter du cœur ce qui nous a procuré tant de plaisir, savoir que nous faisons partie d'une chanson, d'un texte, d'un rythme, tous toujours nouveaux, tout ce que ce créateur a été pour les Cubains, dont la fidélité au «Son », notre musique populaire dansante, était plus qu'une obsession, et qui ont trouvé, pour l'aimer, une formule : multiplier ceux qui ont déjà placé la musique cubaine au rang qu’elle mérite.
Il est difficile de trouver une consolation dans ce genre d'arguments lorsque quelqu'un qui a tant donné s'en va. Tous les adieux sont douloureux, surtout lorsqu'en période de pandémie, ils se rejoignent et ne laissent aucune marge pour en concevoir l'idée. Mais il y a quelque chose d'indicible lorsque le défunt transcende le cercle familial. Le chagrin et la douleur submergent tout un pays.
Alors qu'Adalberto se battait contre sa maladie, son peuple ne l'a pas abandonné. Le souhait d'un prompt rétablissement était constant parmi ses compatriotes. Tant sur les réseaux sociaux qu'en tête-à-tête, l'inquiétude pour le célèbre « sonero » a marqué ces derniers jours.
Lorsque la nouvelle est tombée hier matin, des personnalités et des institutions culturelles ont exprimé leur tristesse et reconnu la profonde empreinte laissée par le « Caballero » sur la musique cubaine.
L'anecdote vivante, la reconnaissance de la grandeur, la non-conformité devant l'inexorable et la certitude qu'il n'y a pas d'adieu pour ceux qui savent rester, ont été des lignes de messages exprimés depuis le cœur de Cuba, pour un artiste qui, même en quittant le monde, ne pourra pas l'abandonner.
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