Les artistes et les grands pédagogues ont un charme particulier pour toucher le cœur. Si ces deux qualités s’unissent dans un seul être, et si, en plus, cet être porte les vertus impérieuses qui visent la droiture, le peuple pour lequel il travaille le fait sien, et accueille ce dévouement comme une offrande.
Face à tous ceux qui ont passé l’épreuve du feu pour s’inscrire dans le cœur des autres, Corina Mestre a largement triomphé.
Elle nous a quittés et pourtant, devant nous, elle défend des personnages que nous croyions réels ; elle nous a dit adieu, et ses élèves conservent ses mises en garde ; elle a quitté ce monde et sa voix bouleversée continue de déclamer, non pas un poème, mais le sentiment d'un chœur insulaire.
Cuba gardera les sensations provoquées par les représentations de l'actrice bien-aimée. Les Cubains n'oublieront jamais sa fermeté pour exprimer, sans demi-mesure, ce qu'il fallait entendre, ni la manière dont il fallait le dire, s'il s'agissait de défendre les conquêtes de Cuba.
Droite dans sa pensée, simple et cordiale dans le contact, naturelle et infiniment cubaine, Corina que l’on pleure aujourd'hui s'en va, mais ne s’éloigne pas.
Ceux qui ont été grands pour leur Patrie ne la perdent pas de vue.