Lorsque les Frères Lumière ont fait les premières projections de leurs films en public, le 28 décembre 1895 au Grand Café de Paris, ils ont montré simplement, le quotidien de leurs semblables : des images qui montraient la réalité de l’époque.
Nous pouvons donc voir « la Sortie de l’Usine Lumière » (1895), qui recrée l’extérieur de la propre fabrique des frères et « L’arrivée du train de Paris » entre autres courts-métrages avec la même approche.
Ces premiers élans du début étaient peut-être inspirés de la propre raison d’être du journalisme : référant mis à jour de la vie qui nous entoure. En ce sens, les langages télévisuel et cinématographique s’unissent bien des fois en utilisant des ressources discursives semblables, bien que théoriquement chacun assume et défende sa propre identité.
Chaque produit communicatif, conçu depuis le cinéma ou la télévision, peut conserver sa valeur de nouvelle, s’il réussit à révéler un message novateur, inconnu pour le public. C’est peut-être dans cette tentative de partager l’information et, dans une certaine mesure, de réfléchir sur elle, où s’entrecroisent les chemins des cinéastes et des journalistes.
Actuellement, les nouvelles technologies de l’information et des télécommunications ont placé les créateurs devant l’alternative de la provocation. La majorité des publics, avec leurs routines de réseaux sociaux, de télévisions multi-chaînes, d’équipements de reproduction audio et vidéo, ont un univers infini d’options pour consommer de l’information et des loisirs. Donc, le défis que doivent relever les créateurs devient plus grand chaque jour : capter l’attention des publics.
Le cinéaste cubain Santiago Álvarez a été un défenseur des principes de l’art engagé, plus envers le public qu’envers des définitions et des schématismes. Son expérience avec le Noticiero ICAIC Latinoamericano (Actualités ICAIC Latino-américain) est entrée dans l’histoire comme une preuve éloquente de cela : « La plupart des documentaires que j’ai tournés sont intimement liés à un fait immédiat, qui vient d’avoir lieu, ou qui est en cours, qui met en tension toute une série d’éléments créatifs dans ce journalisme ».
Tel est le cas de l’audiovisuel “La leyenda de La Bruja” (La légende de La Bruja) (dirigé par Carlos Y. Rodríguez, enregistré en 2011), qui, en environ 25 minutes, nous raconte l’histoire d’un village humble de la municipalité de Guamá, dans les montagnes de Santiago de Cuba.
Depuis les premières scènes, il nous place devant la réalité des maisons en bois aux toits de chaume, des mulets comme moyen de transport de marchandises, des chemins poussiéreux, de la vie à un autre rythme… L’économie y dépend de la production de légumes, de primeurs, de grains et de lait : ainsi que de l’élevage de porcins, d’ovins, de caprins et de bovins.
Les habitants du coin, devant la caméra, parlent d’un oiseau qui vole d’un endroit à l’autre en émettant un son caractéristique. Ils disent même que le son devient parfois un gémissement et qu’en d’autres occasions il imite la voix d’un homme rude et d’autres fois il semble guider le bétail.
Avec la même humilité de leur village, de leurs maisons, de leurs chemins, les personnes interviewées parlent de l’oiseau qui identifie leur communauté. Elles assurent qu’on ne l’écoute que la nuit et quand « son heure arrive ». Pendant ce temps, la vie suit son cours à La Bruja, un endroit à l’accès difficile, béni par la nature, par ses gens et par la légende. Le symbole n’y est précisément pas un être maléfique, mais un oiseau mystérieux qui, depuis des années, survole des histoires populaires et distingue ces parages.
Reynaldo Henquen Quirch
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