Ils devraient le savoir. Les manuels sur les coups d’État « en douceur », ouvrages sibyllins, ne sont pas recommandables à Cuba ; le peuple flaire tout de suite les faux gestes et déteste les traîtres. Le gouvernement de Trump a poussé l'agression à un tel degré en 2019 que le président Miguel Diaz-Canel, à la fin l’année, a déclaré : « Ils ont tiré pour nous tuer, mais nous sommes vivants ». Et en 2020, la pandémie est venue s'ajouter au blocus, que les États-Unis n’ont cessé de durcir.
Alors que la Révolution investissait ses maigres ressources dans la prévention, les soins de santé aux citoyens, la recherche et la production de médicaments, avec des résultats hautement satisfaisants, garantissait la vitalité du pays et dépêchait des brigades médicales dans plus de 40 pays, certains riches et la plupart pauvres, témoignage d'une solidarité essentielle et indéfectible, le blocus s'intensifiait de manière criminelle. Les jeunes Cubains ont été en première ligne sur tous les fronts. Il n'y a pas eu de miracles et pourtant cela y ressemblait : Cuba a résisté et a montré au monde son humanisme. « Nous sommes le pays qui s’est obstiné à résister et à vaincre les sièges et les attaques les plus cruelles et les plus perverses. Et nous sommes ici : vivant, résistant, créant et triomphant », s'est exclamé Diaz-Canel en décembre 2020.
Les plus récentes actions de la contre-révolution tentent de capitaliser les retombées économiques du blocus et de la pandémie et de créer des obstacles pour la nouvelle administration étasunienne en cas d’un éventuel changement de politique qui reprendrait la voie du dialogue avec le gouvernement cubain. Une telle prétention révèle le caractère misérable de ses promoteurs. On en a déjà assez dit sur la mise en scène de San Isidro : « des attitudes mercenaires associées à de fausses grèves de prétendus artistes qui cherchaient à attirer l’attention de l'opinion publique et des intellectuels pour imposer des dialogues camouflés sous d'authentiques préoccupations du secteur de la culture », a signalé notre président. Leurs actions ne sont pas dirigées contre une institution en particulier, car leurs revendications ne sont pas culturelles ou syndicales, mais politiques ; la cible n'est pas le ministère de la Culture ou tout autre espace institutionnel, c'est la Révolution.
Ils manipulent cyniquement le mot « dialogue » sur des bases impossibles : si leurs revendications sont abstraites et, en pratique, ignorent l'existence d'un État socialiste de droit, soutenu par l'écrasante majorité du peuple ; si l'attitude est provocatrice et cherche davantage une couverture médiatique que la reconnaissance de l'autre avec lequel on prétend dialoguer ; s'ils obéissent à des instructions de manuel et aux décisions des « experts » en coups d’État, en douceur et par la force, et que la revendication, la vraie, est que nous renoncions à la Révolution, alors il ne peut y avoir de dialogue. Nous ne nous comprenons pas.
La Révolution ne négocie pas son existence. Ils le savent et la manœuvre est cynique : vider le dialogue de son contenu, pour nous reprocher son inexistence. C'est pourquoi, malgré tout, lorsque la Révolution, avec toute la patience du monde, leur donne rendez-vous, ils sont déconcertés et misent sur la performance médiatique, le harcèlement institutionnel.
La Révolution insiste sur la personnalisation de ceux qui demandent l'attention de ses institutions. Elle sait que la contamination des objectifs, du langage et des individus est notoire, un résultat promu depuis des années sur les plateformes médiatiques qui prônent la restauration de la république néocoloniale, dans le cadre de bourses d'études, de rémunérations généreuses et le miroitement fallacieux de la notoriété métropolitaine ; elle sait qu'il y a des chefs de file de pacotille bien payés par l'impérialisme – peu importe qu'ils soient artistes ou non : aucune profession ne saurait justifier le mercenariat – et que, peut-être, certaines des personnes convoquées étaient-elles nourries d’honnêtes intentions. Mais la naïveté et l'ignorance ont des limites. Une personne honnête accepterait-elle d'être représentée par un provocateur à la solde de l’empire qui crie devant la caméra qu'il est menacé en sachant parfaitement que c'est un mensonge ? La contre-révolution n’a que faire de la vérité, elle n'aspire qu'à prendre le pouvoir. Le scénario de ce « coup d'État en douceur » n'est ni pacifique ni exécuté avec douceur. Accepteriez-vous d'être représenté par « des déserteurs qui réclament un fusil dans les armées de l'Amérique du Nord », comme le signalait José Marti ? La réponse du peuple n'est pas censée être « douce ».
La Révolution, c’est le dialogue. Elle a d'abord alphabétisé son peuple, apportant les lumières du savoir à la majorité, quels que soient l'origine, le lieu de résidence ou la couleur de la peau. Le dialogue a existé sur la Place de la Révolution, dans les écoles, dans les assemblées des travailleurs, dans les congrès, dans les débats sur les orientations ou sur la Constitution. De nouvelles formes de débat, de participation citoyenne, se font jour sur les réseaux. Un gouvernement capable de réajuster ses décisions et ses lois s'il les juge insuffisamment appropriées ou justes, qui se réunit avec ses scientifiques et ses intellectuels pour réfléchir et chercher des solutions ensemble, est un gouvernement ouvert au dialogue, à l’écoute.
Les révolutionnaires, eux, s'intéressent à la vérité, ils en ont besoin, car c'est la seule voie vers la justice. La guerre que nos ennemis nous livrent n'est pas une guerre de la pensée. La pensée ? Ils la mutilent, ils la banalisent, ils la craignent, mais nous, nous en avons besoin pour vaincre.
Si quelqu'un pense que le passage de témoin de la génération historique, lors du 8e Congrès du Parti, ouvrira une brèche dans l'unité des révolutionnaires cubains, c’est qu’il n'a pas foi dans le peuple.
Et c’est parce que nous avons Marti et Fidel comme figures de référence, et leur peuple – notamment sa jeunesse – qui a assumé cet héritage en proclamant : « Je suis Fidel », que nous pouvons atteindre les plus hauts sommets, rendre possible ce qui semble impossible. Nos aînés seront toujours avec nous. « Ceux qui n'ont pas foi en leur terre sont des avortons, a écrit José Marti. Parce le courage leur fait défaut, ils le refusent aux autres. Parce qu’ils ne peuvent atteindre l'arbre malaisé de leur bras fragile, de leur bras qui arbore bracelets et ongles vernis, de leur bras de Madrid ou de Paris, ils disent qu’atteindre l’arbre est impossible ». Vingt jeunes ont porté le flambeau le 27 janvier, en parcourant les rues qui séparent le Grand escalier de l'Université de La Havane de la Forge de José Marti. Cette année, pandémie oblige, l'hommage a été plus restreint. Sur le site des anciennes carrières de San Lazaro, où José Marti purgea, à l'âge de 16 ans, une dure peine de travaux forcés, ils étaient attendus par les représentants de la génération du Centenaire : Raul, Ramiro Valdés, Machado Ventura, José Ramon Balaguer… Ils étaient accompagnés du président Miguel Diaz-Canel. Prenant la parole, Raul a déclaré solennellement : « La pandémie sera surmontée, tout comme les difficultés auxquelles nous sommes actuellement confrontés. C'est l'histoire de Cuba. C'est l'histoire de patriotes comme Marti, c'est l'histoire de nos étudiants révolutionnaires. » Les nouvelles tentatives de provocations sont vouées à l’échec.
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