Nous devons faire en sorte que chaque tentative putschiste, chaque action de déstabilisation, de démoralisation et de distorsion (économique, militaire et financière) payé par la CIA et son réseau mondial de complices soit immédiatement inversé et leur soit retourné comme un boomerang qui leur explose au visage.
Mettons la lutte pour le sens à l'ordre du jour de toutes nos luttes. Nous devons approfondir, dans le débat de base avec ses moyens et ses voies, l'agenda de la guerre communicationnelle (monopolistique et globale) mais nous devons développer des méthodes d'approfondissement et d'argumentation détachées de la logique et de la pédagogie hégémoniques infiltrées dans ce que nous entendons par communication et par guerre. Il ne s'agit ni de communication dans son acception bourgeoise générique (quasi-platonique), ni de guerre conventionnelle. C'est là que commencent que les défis.
À plus d'un titre, les premières escarmouches d'une guérilla sémiotique doivent avoir lieu dans nos propres têtes. Il est nécessaire d'extirper les dispositifs idéologiques bourgeois qui nous obligent à penser la communication comme elle convient à l'ennemi. Il faut supprimer les matrices idéologiques du scepticisme débile - et de l'individualisme à la Superman - dont personne n'est à l'abri (à quelques exceptions près) alors que la grande majorité d'entre nous a vécu exposée, 24 heures sur 24 et pendant des décennies, aux irradiations du Tchernobyl idéologique bourgeois des médias de masse.
Chassons de nos têtes toute suffisance qui nous pousse à croire que nous savons tout et que nous sommes des experts de bon sens en matière de gestion des médias. Cela a produit de la confusion, du chaos et des pertes de temps à profusion en partant du principe qu'il existe des génies naturels pour manipuler les masses. La formule du charisme de celui qui se trouve devant les multitudes. L'idéologie messianique.
Il ne faut pas imiter leur logique ou leur esthétique. Ni supposer qu'en copiant leurs artifices, nous obtiendrons les succès qu'ils ont obtenus. La clé n'est pas de les copier mais de les combattre, en les battant au cœur même de leurs contradictions sémantiques, syntaxiques et pragmatiques et les pieds plantés dans l'âme de la lutte des classes et des batailles concrètes où elle se manifeste le plus vivement.
Ils nous attaquent à coups de séductions en tous genres, ils nous attaquent à coups de missiles argumentatifs déguisés en slogans, ils nous attaquent à coups d'énormes répertoires de tentations et de luxes sous couvert d'une esthétique idéologisée autour de la marchandise et de l'accumulation de richesses à tout prix. Leur arsenal technologique et idéologique a créé les semi-sphères de leur consommation et, en même temps qu'ils nous attaquent en nous séduisant, ils renforcent leurs arsenaux et leurs champs de sens, qui ne sont rien d'autre que des camps de concentration bourrés de consciences kidnappées.
Nos bases sociales ont besoin d'une méthodologie d'autocritique. Il est urgent de procéder à une évaluation profonde et décisive des conséquences de la violence médiatique subie par nos peuples. La carte, ou la tomographie de la catastrophe, produite dans toutes les subjectivités. Nous avons besoin de toute urgence d'un travail approfondi pour évaluer et systématiser les clés de nos grandes victoires sémiotiques, de la Révolution d'Octobre à nos jours.
Cela devrait être une nouvelle charte universelle pour l'émancipation médiatique et culturelle de nos peuples, mais nous avons besoin d'une organisation et d'une coordination déterminées à faire barrage à l'arsenal impérial qui se renouvelle systématiquement en ubiquité et en rapidité d'attaque. Nous avons besoin de tactiques et de stratégies pour répondre, en temps réel, aux offensives, mais avec nos outils théorico-pratiques de planification révolutionnaire symbolique.
Si nous n’opposons que des lamentations (même scientifiquement étayées), nous ne faisons que produire des rapports sur nos pertes et nos revers, ce que l'ennemi de classe apprécie beaucoup. Nous nous chargeons de leur expliquer comment ils nous nuisent. Nous avons besoin de toute urgence d'un « quoi faire » en termes de réponses concrètes pour le court, moyen et long terme. Nous avons besoin de la collaboration inter, multi et transdisciplinaire de tous les experts engagés dans l'émancipation et contre le capitalisme. Des talents spécialisés dans la lutte contre la manipulation symbolique et les forces créatrices dans les sciences et les arts.
Nous devons faire en sorte que chaque tentative putschiste, chaque action de déstabilisation, de démoralisation et de distorsion (économique, militaire et financière) payé par la CIA et son réseau mondial de complices soit immédiatement inversé et leur soit retourné comme un boomerang qui leur explose au visage.
Nous avons besoin de vaccins contre les virus idéologiques bourgeois, et nous avons besoin d'une méthode de production symbolique qui avance sur le territoire de la pensée critique, émancipatrice, anti-impérialiste et anti-capitaliste. « Combattre le capital », comme le réclame l'hymne péroniste, par exemple, et comme l'exige toute l'histoire de la Grande Patrie, à savoir Notre Amérique. Il n'y a pas de temps à perdre. L'art de la guerre médiatique doit être « resémantisé », réécrit et consolidé en tant que nouvel instrument principal de la démocratisation de l'information et de la communication. Autrement, nous continuerons à courir des dangers et à en payer les conséquences coûteuses et absolument injustes.
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