María Teresa Vera, l’une des voix les plus importantes et particulières de la chanson traditionnelle cubaine, fêterait ses 125 ans et le peuple cubain se souvient toujours d’elle car elle est un paradigme de la chanson traditionnelle, qui s’est placée au sommet musical et interprétatif d’une époque riche en grands compositeurs et interprètes.
Elle a représenté la voix féminine par excellence parmi les voix de son époque. Elle est née à Guanajay en 1895 au sein d’une famille humble, d’origine africaine et elle a fait sa première présentation lorsqu’elle était adolescente jusqu’à ce qu’elle ait été reconnue largement comme « l’ambassadrice de la chanson d’antan » en raison de son talent inné pour la musique bien qu’elle n’eut pas une formation académique.
Les premières années de la vie de María Teresa se sont déroulées au sein d’une famille aisée dont le nom était Aramburu. Dans cette maison, la mère de María Teresa travaillait comme bonne et elle était la seule fille de la famille. L’une des jeunes de la maison jouait du piano, tandis que la fille s’aventurait à chanter. C’est ainsi qu’a surgi peu à peu en elle l’amour pour la musique.
Mince, la peau cannelle et des yeux expressifs, âgé de 16 ans seulement, elle a fait son début professionnel devant un public dans le cadre d’un hommage à Arquímedes Pous, dans ce qui était à l’époque le théâtre Politeama Grande de la Manzana de Gómez, à La Havane et elle a maintenu depuis ce moment-là et jusqu’en 1962 une activité musicale intense et longue dont il reste encore des centaines d’enregistrements. Dans sa chronique intitulée Siempre María Teresa (Toujours María Teresa), l’auteure d’Estaciones de Eva (Les saison d’Ève) raconte le début de l’artiste en 1911, interprétant Mercedes, devant un public qui a crié encore à plusieurs reprises.
Quand elle était jeune elle a commencé à se faire connaître dans les milieux de la chanson traditionnelle où elle a connu Manuel Corona qui lui a conseillé d’apprendre à jouer de la guitare. Elle a fait ses premières études de cet instrument avec le rouleur de cigares et professeur José Díaz et elle a travaillé directement avec Corona dont elle a interprété des chansons pour la première fois et il l’a accompagné pas seulement avec la guitare, mais aussi comme voix de chœur dans les guarachas, rumbas et sones. Elle jouait la guitare secondo, avec une vigueur et avec une précision qui en faisaient la guitare directrice.
Elle a été incontestablement une femme courageuse qui a su s’imposer comme chanteuse à une époque marquée par une société machiste qui laissait les femmes en marge et par les préjudices raciaux et de classes.
En 1935 María Teresa Vera a composé la habanera Veinte años (20 ans) qui allait devenir sa chanson la plus populaire et un des grands classiques de la musique cubaine qui a été interprétée après et qui continue de l’être, dans des dizaines de versions.
Cette remarquable chanteuse, guitariste et compositrice cubaine avait un vaste répertoire et le privilège d’interpréter les chansons des plus grands compositeurs cubains qui ont été aussi ses amis. Plusieurs des chansons qu’elle a rendues populaires et qui restent aujourd’hui dans la mémoire et dans les collections musicales de beaucoup de familles, sont, en plus de Veinte años (20 ans), Eso no es na (Cela n’est rien), He perdido contigo (J’ai perdu face à toi), Mujer perjura (Femme parjure), Pensamiento (Pensée) et Aquella boca (Cette bouche-là). Elle a composé aussi d’autres genres dont le bambuco, d’origine colombienne.
Considérée comme « la voix indispensable de la chanson traditionnelle cubaine » elle a formé plus tard avec Lorenzo Hierrezuelo un duo qui a joui d’une grande popularité et qui est resté uni pendant 25 ans. Elle est allé au Mexique avec Hierrezuelo en 1944 et elle s’est présentée dans de nombreuses boîtes de nuit de ce pays.
Cette grande artiste est entrée dans l’histoire musicale comme une des plus originales de la musique cubaine et comme une des premières interprètes à enregistrer des disques à Cuba : 895 chansons en tout. Sa musique a fait partie aussi du cinéma, les films cubains Lejanía (Éloignement) et Mañana (Demain) en sont un exemple.
L’évocation de l’interprète et compositrice María Teresa Vera sera toujours l’objectif de la rencontre théorique du Festival Pepe Sánchez de Santiago de Cuba comme un hommage digne à cette remarquable interprète qui a ému tous avec sa voix sans pareil et qui a laissé une stèle d’admiration parmi les Cubains et parmi d’autres publics de l’Amérique Latine en raison de son grand caractère professionnel.
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