Homère, le précurseur inconscient de la chronique sportive


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Homère, le précurseur inconscient de la chronique sportive

Que l'on sache, aucune muse de la chronique sportive  ne se promena jamais par le Parnasse.

Seulement un aède comme Homère pourrait, inspiré de sa passion, raconter des compétitions tel qu'il le fut dans le chant XXIIIe de l'Iliade.

Si aux Jeux olympiques de l'antiquité on gagnait grâce à la force, Homère se consacra grâce à sa capacité pour décrire les compétitions avec une précision pas normale chez un aveugle.

« Les chariots touchaient parfois le sol fertile et d'autre fois ils sautaient dans l'air; les auriges restaient assis avec le cœur palpitant et désireux de remporter la victoire; chacun encourageait ses coursiers, et ceux-ci volaient, en soulevant des nuages de poussière, sur la plaine ».

Homère comprenait au détail les compétitions et dotait de vie les concurrents, une fois misérable d'autres fois heureux. Il racontait ce que ses oreilles virent. Il décrit de façon formidable le coup de poignée donnée par l'arrogant Épéios à son adversaire Euryale lors d'un combat de boxe.

« Comme, en se formant la mer à cause du souffle du vent boréal, un poisson saut sur le bord de la mer peuplé d'algues et les vagues noires le couvrent tout de suite, ainsi Euryale, après avoir reçu le coup, fit un saut en arrière ».

Quand on l'amenait, Euryale traînait ses pieds et sa tête, basculée d'un côté, laissait une trace de sang épais et noir pour fertiliser le sol du prochain combat.

Le combat de lutte se tint après, poursuit Homère. Les adversaires, deux héros étant à l'égal des dieux, Ajax Telamonius et Odyssée. Tous les deux se battirent et la camaraderie resta dans une seconde place.

« Leurs dos craquaient, serrés fortement par leurs bras musclés; une sueur copieuse émanait des leurs corps (...) ».

Le fils malin Laërte, qui jouerait un rôle important dans d'autres chants homériques, utilisa l'une des ses ruses et tapa Ayax sur le creux poplité pour relâcher ses muscles tendus. Il le fit tomber par terre, mais il ne fit rien de plus: Achille décréta combat nul.

Presque immédiatement, Odyssée s'affronta encore à Ayax, cette fois le fils d'Oïlée, sur la course de vitesse. Ayax était plus jeune et rapide que le roi d'Itaque.

Au milieu de la guerre, la compétition d'escrime suscita la rancune et des regards méchants. Ayax Telamonium s'affrontait à Diomedes Tydides.

« Quand ils furent l'un en face de l'autre, ils s'attaquèrent et tentèrent de se blesser trois fois ». Craignant que le sang des ses leaders arrose le sol déjà ensanglanté de Troie, les Argiens demandèrent un combat nul qu'Achille concéda avec plaisir.

Telamonium ne remporta non plus la compétition du lancer du poids. Épéos envoya plus loin que personne, sans effort apparent, une boule en fer laquelle, d'après Achille, aurait fournis de fer au vainqueur lors de cinq ans.

Parmi les archers le meilleur fut Mérion. Selon Homère, Mérion promit une hécatombe à Apollon. C'est pour cela que la déité le favorisa à la place de l'orgueilleux Teucro. Mérions participa aussi à la dernière épreuve de la journée, le lancement de la lance. Cependant, son adversaire était Agamemnon, le leader des Achéens. Et si bien Achille méprisait l'Atride, il ne voulait non plus qu'un simple écuyer vainque le Roi des rois.

Achille accorda la victoire à Agamemnon et mit ainsi fin aux rituels funèbres pour pleurer la mort de Patrocle. Homère, dans cette partie du récit, buvait un peu de vin, se confiait à ses muses et passait au chant XXIV de l'Iliade.

Après tout, il ne lui intéressait que raconter des histoires et manger aux dépens d'elles. Mais on peut lui excuser car il fut, consciemment ou non, le premier chroniqueur sportif de l'olympisme.


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