Le vendredi 16 juillet, dans les jardins de la Maison Blanche, avant d’embarquer dans l'hélicoptère qui le conduirait à sa résidence de Camp David, Joe Biden a déclaré à cnn : « la désinformation sur les réseaux sociaux nous tue ». Le président des États-Unis faisait notamment référence aux messages publiés sur le réseau numérique Facebook au sujet de la vaccination contre la covid-19 et accusait cette entreprise de ne rien faire pour les empêcher.
Facebook est cette société qui exploite WhatsApp, et sur les deux réseaux, de nombreuses fausses nouvelles ont été diffusées concernant la pandémie de covid-19 à Cuba. Cependant, si le Président, le Premier ministre ou tout autre dirigeant cubain tenait les propos de Biden, les médias et les influenceurs financés par son gouvernement pour agir contre l'Île se mettrait immédiatement à lyncher l'auteur d'une telle phrase au nom de la « liberté d'expression ».
Peu importe qu'il s'agisse de « l'expression » des vieux médias traditionnels, de ceux créés sous l'ère Bush, ceux apparus sous l'ère Obama ou celle de Trump, la participation à la guerre de désinformation contre Cuba est unanime pour ceux qui prétendent revendiquer la pluralité. Depuis l'agence United Press International (upi) qui annonçait en avril 1961 que le « port » de Bayamo et l'hôtel Habana Libre avaient été pris par les envahisseurs de Playa Giron jusqu’au « Rey, tu sais que je suis biologiste », fausse nouvelle qui a circulé sur WhatsApp au début de la pandémie de covid-19, celui qui finance la désinformation est toujours à 90 miles au nord de Cuba.
Pourtant, toutes les entreprises de médias sociaux numériques (Twitter, Facebook et Google) n'ont pas ménagé leurs efforts pour bloquer les comptes de médias russes tels que rtet Sputnik, et dans le cas de Google, jusqu’à les faire disparaître temporairement des recherches sur Internet. C’est aussi un fait que de nombreux comptes de médias, de responsables et de journalistes cubains sur Twitter ont été bloqués par les États-Unis à des moments politiques importants. Récemment, le compte de la Fédération des étudiants universitaires (feu), une organisation regroupant des centaines de milliers de jeunes Cubains, a subi le même sort.
Les liens organiques de ces entreprises avec les services spéciaux étasuniens et le Département d'État sont très bien documentés par les révélations de Snowden et de Wikileaks. Ils ont pris une importance particulière au cours des deux mandats d'Obama, durant lesquels Biden était vice-président. L'administration Obama-Biden a été signalée comme celle qui a le plus traqué les lanceurs d'alerte aux États-Unis, devant même celle de Richard Nixon, jusqu'alors considérée comme le plus obsessionnel en la matière.
Ce fut l'alliance avec les grandes entreprises technologiques qui conduisit l'exécutif dirigé par le duo démocrate Obama-Biden à poursuivre sans merci, jusqu'à l’amener au suicide, le brillant et très jeune informaticien Aaron Swartz pour être devenu un leader de la libre diffusion du savoir sur Internet.
Swartz, harcelé par le fbi, fit l'objet d'un procès fédéral, dans lequel le gouvernement lui faisait encourir 35 ans de prison et une amende d'un million de dollars. Son crime ? Télécharger une base de données de résultats de recherches scientifiques financées par des fonds publics dans l'intention de la diffuser sur l'internet afin que tous les intéressés y aient accès. Contrairement à Biden, qui parle de liberté tout en la poursuivant en justice, Aaron fut cohérent : en 2008, il publia un manifeste dénonçant « le vol privé de la culture publique ».
Il n'y eut aucune clémence de la part de celui qui prétend aujourd’hui se préoccuper de l'accès des Cubains à l'information et qui utilise des personnalités médiatiques opportunément « miamirisées » pour parler de liberté. Peu importe que Swartz, alors qu'il n'était qu'un adolescent, ait contribué de manière substantielle à la conception d’éléments qui sont aujourd’hui d’usage courant pour partager des informations sur l'internet, tels que le flux rss et la licence Creative Commons, qui ont apporté bien plus à l'humanité que ceux qui financent aussi bien des chansons que des cocktails Molotov dans le cadre d'un plan visant à déclencher des actions qui bénéficieront à l'intérêt national des États-Unis, tout en provoquant un bain de sang à 144 km des États-Unis.
La seule liberté qui compte pour un gouvernement dont les ministres ont été nommés par une banque, selon les courriels entre la Citibank de New York et l'équipe de transition de Barack Obama, filtrés par Wikileaks, est la liberté de faire de l'argent, et Aaron Swartz était une menace.
En tant que vice-président, l'actuel président des États-Unis n'a pas levé le petit doigt pour que Cuba puisse accéder à l'internet via les différents câbles sous-marins de fibre optique qui passent à quelques kilomètres de ses côtes et qui sont toujours inaccessibles aux entreprises cubaines. Il nous a fallu financer une connexion de 1 062 km, pour un coût de 70 millions de dollars, allant de Camuri, près du port de La Guaira au Venezuela à la plage de Siboney à Santiago de Cuba. Il n'a pas non plus débloqué les nombreux sites d'information scientifique et technologique interdits aux développeurs informatiques cubains.
Eric Schmidt, qui connaît aussi bien Aaron Swartz que Biden, a effectué une visite à Cuba en 2015, alors qu'il était pdg de Google. Il s’est rendu à l'université des Sciences informatiques, où plusieurs étudiants et professeurs se sont plaints de ne pas pouvoir accéder aux sites de développement de logiciels de sa méga-entreprise. Schmidt a dit qu'il leur faciliterait l’accès « en sous-main », ce à quoi un professeur présent a répondu : « nous ne voulons pas sauter par-dessus la barrière, nous voulons entrer par la porte comme tout le monde », si bien que le pdg étasunien a promis d'en discuter avec son gouvernement, précisément celui-là même dont Biden faisait partie. Ce qui s'est passé depuis lors jusqu'à aujourd'hui, c'est que la situation, loin de s'améliorer, a empiré, mais Joe Biden vient de s’engager à donner « internet sans censure à Cuba », et gratuitement !
Un business de plus pour des entreprises technologiques comme celles qui se sont remplies les poches avec l'argent des contribuables étasuniens, en disant que l’on verrait à La Havane une télévision que l’on n'a jamais vue auparavant ? Très probablement. Biden qualifie Cuba d' « État en faillite », mais il n'y a rien de plus défaillant que les tentatives « créatives » menées depuis 60 ans par le gouvernement étasunien pour changer le « régime » installé sur l'île. Désolé, mais en fait il en est un, c'est la façon dont les terroristes et les extorqueurs de Miami ont dupé les gouvernements étasuniens durant toute cette période.
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