La France a réalisé aujourd’hui dans cette capitale un acte protocolaire pour la restitution de 26 pièces du trésor royal d’Abomey, appartenant au Bénin, en présence de la plus haute représentation des deux pays.
Les précieuses œuvres intégraient la collection du musée du Quai Branly à Paris, et provenaient pour la plupart d’un pillage commis pendant l’époque coloniale, ce qui en quelque sorte a facilité le processus de restitution.
La cérémonie, qui s’est déroulée dans ce musée, a été inaugurée par le président de cette institution, Emmanuel Kasarhérou, en présence des présidents de la France, Emmanuel Macron, et du Bénin, Aurélien Agbénonci, qui est également ministre des Affaires étrangères de son pays, et de divers représentants politiques et culturels de la nation africaine.
Kasarhérou a indiqué que depuis son arrivée en poste, fin mai 2021, il a procédé à un large inventaire des 300 mille pièces du musée, provenant d’Afrique, d’Océanie, d’Asie et d’Amérique, 'pour identifier celles qui ont été prises de manière violente sans le consentement des propriétaires, par la guerre ou sous la contrainte de l’administration coloniale'.
En ce qui concerne la restitution des œuvres du trésor royal d’Abomey, il a considéré comme une 'grande joie' de pouvoir remettre ces pièces à des 'mains expertes' au Bénin, en soulignant l’importance 'que le patrimoine de chaque pays soit suffisamment représenté dans chaque pays'.
Au cours de son intervention, le président Agbénonci s’est félicité de l’accord obtenu et a souligné que 'le Bénin et la France montrent au monde, à travers la restitution de ces œuvres, un modèle de relation qui prétend être exemplaire'.
Pour sa part, le président français a estimé que cette restitution 'est tout un programme de coopération qui doit renforcer nos liens, créer de nouvelles opportunités d’échanges, de rencontres, de projets', et a ajouté la nécessité de 'définir une nouvelle loi pour établir une doctrine et des règles précises' pour que ce type de processus puisse continuer.
La cérémonie a été un moment historique pour les deux pays, qui travaillent ensemble sur cette question depuis 2018, et pour lequel des lois ont dû être adoptées en France, lesquelles ont permis d’abroger le principe d' 'inaliénabilité' des œuvres des collections publiques pour avoir fait l’objet d’un pillage manifeste.
Le retour des 26 chefs-d’œuvre deviendra définitif le 9 novembre, lorsqu’ils quitteront Paris dans un avion cargo en direction du palais présidentiel du Bénin et d’autres sites, en attendant l’achèvement des travaux du futur musée qui accueillera la collection à Abomey.
Parmi les pièces qui seront restituées figurent des statues royales qui sont des emblèmes des trois derniers rois du royaume Fon : Ghezo (moitié homme, moitié oiseau), Glélé (moitié homme, moitié lion) et Béhanzin (moitié homme, moitié requin), des portes du palais royal, des trônes, des sceptres royaux et bas-reliefs du palais d’Abomey, qui fut pillé par les troupes françaises en 1892.
Selon les experts, au moins 90 mille objets d’art de l’Afrique subsaharienne se trouvent dans les collections publiques françaises, dont 70 mille au musée du Quai Branly, dont 46 mille sont arrivés pendant la période coloniale.
Depuis 2019, six pays en plus du Bénin (Sénégal, Côte d’Ivoire, Éthiopie, Tchad, Mali et Madagascar) ont présenté des demandes de restitution en France.
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