Lumières de septembre


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Photo: Ismael Batista

Les expériences que nous vivons sont conservées dans notre mémoire. Certaines disparaissent, jusqu’à avoir même l'impression qu'elles n'ont jamais existé, mais il en est d'autres, archivées pour toujours, qui ne nous quitteront jamais, surtout si, à travers elles, nous avons été frappés par le mystère, le début d'une nouvelle étape, l'accueil chaleureux.

Ce qui se passe ce matin à Cuba, avec le retour dans les classes de ses enfants et de ses adolescents – et aussi de ses jeunes universitaires – est un spectacle émouvant. Aucun moyen d'effacer de nos mémoires ce frisson provoqué par l’inconnu après le premier jour d'école. Un indescriptible sentiment pour les familles lorsque le petit dernier rejoint la troupe scolaire et entre à l'école pour la première fois.

L'enthousiasme, l'illusion de retrouver ses amis et ses professeurs sont des réalités vécues par les enfants de ce pays qui leur garantit, quoi qu’il en coûte, un espace sûr face au personnel enseignant, le tableau noir et les livres.

L'année 2022, une année d'immenses défis pour l’Île, qui reprend lentement son cap – tout en soutenant héroïquement les efforts d'autres qui n'ont jamais cessé –, arrive au mois de septembre, consciente qu'il ne saurait y avoir de pays sans éducation et qu'il n'y aura pas d'êtres humains à part entière si le savoir est inaccessible.

Voici le mois bienheureux, doublement chaleureux et propice à l'hospitalité, théâtre d'une fête d'amour dont on ne doit pas sous-estimer le sens propre, même si elle est quotidienne.

Les plus petits ignorent peut-être que d'autres, aussi aimés qu'eux, avec des craintes et un besoin de protection identiques, au lieu du crayon, vont aujourd'hui empoigner un outil de travail, ou simplement se rendre dans des lieux où ils pourront, en échange de leur force enfantine innocente, gagner un peu d'argent pour le rapporter à la maison.

Ne laissons pas nos enfants grandir sans le savoir, car loin de blesser leur âme, nous sèmerons en eux le sens de la justice, qui s'épanouit si bien à ces âges exempts de préjugés. Quant aux plus grands, s'ils venaient à l'oublier, exaltons leurs sentiments et montrons-leur, depuis la maison, et en pleine lumière de la classe, tout ce qu'ils peuvent faire pour construire, avec courage, notre projet de pays.


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