La Havane a fêté ses 500 ans et son chemin de fer, son 182e anniversaire, des motifs plus que suffisants pour visiter le Musée des Chemins de Fer de Cuba, récemment inauguré.
La première chose qui nous étonne est la remise à neuf de l’ancienne gare de Cristina, qui se trouvait dans un état tellement déplorable qu’on aurait dit qu’elle ne pourrait pas être réhabilitée et qui est aujourd’hui resplendissante.
Lorsqu’on y entre, le collectif petit et aimable du musée nous accueille avec à sa tête la licenciée Mercedes Herrera Sosano, sa directrice et une autorité en matière d’histoire des transports et, en particulier, des chemins de fer.
« Nous montrons ici le patrimoine ferroviaire – explique Mercedes-. Nous avons un échantillon de locomotives, d’instruments, de maquettes et d’objets utilisés dans les chemins de fer ».
Un regard sur le patrimoine ferroviaire cubain. « Nous avons une collection très grande de locomotives à vapeur, au diesel et une électrique, ainsi que deux modèles réduits, tous deux restaurés. Nous avons vérifié que l’un d’entre eux fonctionne. Nous n’avons pas encore eu le temps de tester l’autre.
« Pour le moment, six locomotives sont exposées, mais il y en a beaucoup d’autres encore qui sont en cours de réparation ».
L’exposition commence avec la présence imposante de “La Junta”, la locomotive la plus ancienne conservée en Amérique Latine, arrivée à Cuba en janvier 1843.
Elle est aussi la plus ancienne du fabriquant Thomas Roger conservée dans le monde, et Roger a été un des pionniers de la fabrication de ces machines aux États-Unis. On considère que « La Junta » est aussi une des dix locomotives les plus anciennes qui sont conservées, parmi celles qui ont été fabriquées aux États-Unis, et celle qui a le plus grand pourcentage de pièces originales».
La salle du ferromodélisme montre des maquettes dans des vitrines pas très hautes, conçues à l’intention des enfants et une collection de casquettes données par des cheminots de nombreux pays.
La salle du chef de gare accueille les instruments propres à ce travail et qui datent fondamentalement, des premières décennies du XXe siècle.
On y montre le télégraphe primitif, les vieilles calculatrices mécaniques, la machine à écrire centenaire, le microphone qui servait à annoncer l’arrivée et le départ des trains ainsi que d’autres objets.
“Nous avons une salle de lecture –ajoute la directrice- avec une bibliothèque, une hémérothèque et des archives qui prendront prochainement la forme d’une salle de navigation sur Internet et une salle multifonctionnelle pour donner des cours, des conférences et dans laquelle nous entendons installer un ciné-club ferroviaire.
« Ce musée disposera bientôt d’une technologie de pointe qui permettra aux visiteurs, surtout aux enfants et aux jeunes, de mieux connaître l’histoire de ce moyen de transport ».
Plus avant sont exposés des objets qui étaient utilisées jadis dans les télécommunications, dans les signaux, dans les voies, sur les chantiers et dans les ateliers ferroviaires.
Il y a aussi une salle d’attente avec des bancs d’époque et un vieux charriot qui était utilisé pour transporter les bagages.
« En ce moment –signale Mercedes- nous avons dans le salon principal une exposition de photos de locomotives à vapeur, de Peter Hugler, et une collection de 24 posters, qui évoquent l’histoire des chemins de fer.
« Cuba a été le septième pays du monde à avoir ce moyen de transport, le deuxième du continent américain, après les États-Unis et le premier de l’Ibéro-amérique ».
Le 19 novembre 1837, à 8 heures du matin, partait le premier train de la gare provisoire de Garcini, située Rue Oquendo, entre Estrella et Maloja, à La Havane, vers la localité de Bejucal.
Un an après, le chemin de fer atteignait déjà Güines, en passant par les villages de Buenaventura, de Quivicán, de Guara et de Melena, pour compléter un parcours de 71,9 km.
La gare havanaise a eu une histoire itinérante : en 1840, elle a été transférée Rue Dragones entre Prado et Industria, et elle s’appelait Villanueva, en l’honneur du Cubain Claudio Martínez de Pinillos, comte de Villanueva.
Après, en 1861, l’entreprise Chemins de Fer de l’Ouest a inauguré la gare de Cristina où se trouve aujourd’hui le Musée des Chemins de Fer de Cuba, pour desservir d’abord le village de Calabazar et plus tard Pinar el Río, localité où le chemin de fer est arrivé en 1894 et la localité de Guane, sa route la plus à l’ouest, en 1898.
En 1910, au terme d’une affaire frauduleuse promue par le président José Miguel Gómez, “Tiburón” (“Le requin”), la compagnie étrangère « Chemins de Fer Unis » a acheté les terrains de l’ancien Arsenal de La Havane et elle y a construit une nouvelle gare.
Elle a été inaugurée deux ans après, avec l’imposant passage élevé, un pont en acier, long de presque un kilomètre, qui assure encore de nos jours la liaison entre la gare et le port et le vaste réseau ferroviaire du pays.
Le Capitole a occupé la place de la gare de Villanueva et la gare de Cristina, transformée en monument d’exposition, a souffert du passage du temps jusqu’à sa remise à neuf, cette année, pour accueillir le musée.
Notes :
-Les 11 dernières locomotives à vapeur sont arrivées à Cuba en 1944.
-Cuba a importé 2 395 de ces machines, qui ont été en service durant 167 ans jusqu’en 2004.
-245 sont conservées dont la moitié dans quatre musées de centrales sucrières et les autres dans plusieurs institutions et dans l’actuel Musée des Chemins de Fer de Cuba.
- Le réseau ferroviaire cubain s’étend aujourd’hui sur 8 mille 194 kilomètres : il a 252 gares, plus de 100 ateliers de réparation et quelque 21 mille 500 travailleurs.
Traduit par: Reynaldo Henquen Quirch
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