Les rues havanaises des années 20 ont connu un jeune avec portant un gilet et tenant une canne, qui aimait le langage des vers et des sonnets. Il était alors un des nombreux étudiants qui, à l’époque, parcourraient la Promenade du Prado, le Malecón (la promenade du bord de mer) et les cafés à la recherche des réunions littéraires et de débats sur les courants artistiques. C’était sans aucun doute des temps d’art et de poésies.
Ce jeune, Rubén Martínez Villena, était né vers la fin 1899, cela fait 120 ans et ses premières oeuvres poétiques reflétaient ses émotions, son originalité et son ironie ainsi qu’une grande maîtrise de la langue et la recherche constante de la perfection.
José Antonio Portuondo, professeur, critique, essayiste et historien littéraire cubain qui s’est consacré aussi à l’étude de la prose et de la poésie de Villena, divise son œuvre littéraire en trois étapes. La première, de 1917 à 1922, qui se caractérise par la présence du thème de l’amour, par les éléments érotiques, par les épisodes épiques et par les héros.
La deuxième étape, qui s’étend de 1923 jusqu’à 1927, montre déjà un Villena plus profond, plus connaisseur de soi-même qui fait appel à « l’angoisse de la mort et de l’échec, à l’impuissance de créer une œuvre remarquable ». C’était les temps de La pupila insomne (La pupille insomniaque), El anhelo inútil, (Le souhait inutile) El campanario del silencio (Le clocher du silence) entre autres. En plus de se faire un nom comme poète, c’est en 1923 qu’il fait son apparition sur la scène publique.
Le 18 mars de cette année-là il participe à la Protesta de los Trece (La Protestation des 13) contre l’achat et la vente par le Gouvernement d’Alfredo Zayas, du Couvent de Santa Clara. Il a fait connaissance de Julio Antonio Mella avec lequel il participe à l’Université Populaire José Martí, aux Ligues Anticléricale et Anti-impérialiste et au Mouvement des Vétérans et Patriotes.
Deux ans plus tard, la vie littéraire de Rubén Martínez Villena emprunte d’autres chemins. La grève de la faim de Mella et le qualificatif connu « d’âne avec des griffes » issu de l’incident avec le président Machado, éloignent le poète des vers et il se consacre donc à l’étude du marxisme et à la direction de la classe ouvrière. Les décrets et les lois sont revenus sur sa table et en 1927 il est devenu l’assesseur juridique de la Confédération Nationale Ouvrière de Cuba.
Cette deuxième étape a pris fin par la nouvelle de son affection pulmonaire et jusqu’à 1934 son œuvre littéraire s’est caractérisée par la prose. Au dire de Portuondo, il n’a pas publié plus de poèmes, sauf quelques vers subversifs pour son époque ou prolétaires, ou des rimes clandestines.
Il a été, incontestablement, un poète d’une grande sensibilité et un révolutionnaire conséquent.
Homme authentique dans ses amours envers des femmes et dans son amour envers la patrie qui, comme il l’a lui-même reconnu, il a méprisé un jour ses vers pour brandir l’épée de la patrie et du peuple, pour traduite l’héroïsme d’une révolution.
Le journaliste inné, aigu, aux propos et à la critique riches, défenseur de la vérité, était aussi un fervent amateur du baseball, un narrateur ingénieux avec un vaste spectre, un orateur au verbe lucide, un défenseur farouche de la dignité, un artiste qui a écrit des poèmes avec des mots d’une grande beauté et qui a donné sa vie comme on offre un vers à la cause littéraire.
Rubén Martínez Villena a laissé en héritage, pour la génération de son époque et pour les générations ultérieures une ouvre lyrique remarquable qui inclut 20 poèmes dans lesquels il a exposé son talent poétique, sa maîtrise du métier et son goût raffiné et dans laquelle s’entremêlent toutes les délicatesses de son esprit et toute la force de son caractère.
Traduit par: Reynaldo Henquen Quirch
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