Sous le soleil des tropiques
Cuba...
Son corps lui est tout à coup rendu en entier, sous la chaleur torride de l’île.
Ce corps engourdi, que le passage sur le sol tourmenté, révolté, gardant des traces de sang fraîches, tremblant encore des tanks envahisseurs, ce corps que le sol de Prague a secoué des pieds à la tête, a ouvert des brèches, première peau tombée, craquelée, sous les regards décidés des Pragois devant l’agresseur, première peau, un voile qui tombe sous le regard d’un garçon, un regard qui pénètre sous les vêtements, sous la peau, fouille sans pudeur, yeux, bouche, cou, seins, dépouillée comme dans Peau d’âne, dévoilée à l’autre comme à elle-même, la jeune fille de seize ans qui descend de l’avion à Cuba est Autre.
C’est par la peau qu’elle sent le pays. Il lui colle à la peau, entre par les narines, par les pieds, l’air est si chaud, le ciel si bas, le sol est une fournaise, un incendie. Ça traverse le corps, flambe le cerveau. Si près de l’Équateur. Elle a posé les pieds sur cette île, ce petit morceau de terre baigné par l’océan Atlantique.
Il y a un chauffeur, son père, son frère, tous bronzés. Il y a le chemin de l’aéroport à la ville, les palmiers, les maisons, les Cubains.
Les premiers mots qui lui souhaitent la bienvenue sur île, qui l’accompagneront tout au long de son séjour sont ceux du chauffeur : « Qué bonita ». L’île est belle,si, si bonita, mais c’est pour elle qu’il dit ça.
Du haut du huitième étage de l’hôtel Riomar, elle goûte l’air humide. L’hôtel a la forme de la lettre C. Un C ouvert sur l’océan. Et quand l’Atlantique se déchaîne, quand il rugit, que les vagues frappent avec force le mur de béton, sur les vitres se déposent les traces de sa colère salée.
La vie prend des allures de vacances. Piscine en bas, océan et plage à longueur de l’année. Même s’il lui faut étudier fort, pour réussir les examens du Secundario tout en apprenant l’espagnol.
Sonia Anguelova, bulgare de naissance, avec des « ajouts » cubains et québécois
Deje un comentario