Un système de défense a été construit à Baracoa dès la première moitié du XVIIIème siècle étant donné les croissantes incidences commerciales, les corsaires, les pirates et les rivalités entre l'Espagne et l'Angleterre qui se répercutaient d'une façon ou d'une autre sur la ville.
Ce dernier facteur a été déterminant quand, pour la première fois en 1739, le Capitaine Général de l'Île, Juan Francisco Quemes de Horcasista, a ordonné au gouverneur de Santiago de Cuba, Francisco Cajigal, de réaliser une minutieuse étude topographique afin de créer les conditions propres pour la défense.
Ce travail a été à la charge du capitaine et Comandant d'Armes de Baracoa, Pedro Oviedo. Entre 1739 et 1742, il a bâti les trois plus importantes fortifications de la ville pour armer un système de défense coordonné avec une structure adéquate à la topographie.
Un legs du fonds des Capitaines Généraux expose que Matachín a été la seconde fortification construite sur la Punta de Esteban, en direction opposée au Fort de Majana.
À cette époque elle était appelée Défense de Playa de Miel ou Punta de Esteban, c’est au début du XIXème siècle qu’elle a reçu le nom Fort de Matachín, sans que l’on en connaisse la raison jusqu'à nos jours. La forteresse permet de protéger, en plus de la plage et de l'anse, l'entrée dans la ville par terre et par le port, vers l'Est.
Après l'instauration de la pseudo république à Cuba, ce qui a d'abord été un bastion contre les pirates et ensuite une caserne des soldats espagnols, a servi comme toit à un groupe de familles dans la misère. Le malheur de ces personnes était tel qu'elles se sont protégées du froid et des intempéries dans cette enceinte, qu’une fatidique dénomination a identifiée comme Le Château Maudit.
La Révolution cubaine a sauvé le Fort de Matachín. Sous l'assessorat de la direction du Patrimoine Culturel, il a été restauré et inauguré le 10 octobre 1981 sous le nom de Musée Municipal de Baracoa.
Entouré par une épaisse muraille de pierres avec des meurtrières, il a été conçu avec un édifice principal destiné à loger 50 soldats. Ses murs, solides et doubles comme la muraille, sont en pierres et le toit est couvert de tuiles sur une charpente de bois carré. Le fort compte une poudrière souterraine – unique en Amérique et dans les Caraïbes – une batterie de canon et un chemin de ronde avec une double paroi qui l'isole des possibles impacts. Il possède aussi une citerne pour la récupération des eaux de pluie. Tout l’ensemble construit s’étend sur une surface de 2 976 mètres carrés.
Les neuf salles d’exposition du Musée Matachín thésaurisent diverses collections archéologiques de l'étape aborigène et des autres périodes historiques de la région. En plus de refléter la culture locale, il rassemble des échantillons de la flore et de la faune autochtones (entre elles les polimitas et l’almiquí) ; des photos et des documents qui certifient le passage de célèbres personnalités comme le troubadour Cayamba ou La Rusa, qui a été l’inspiratrice du célèbre roman La consagración de la primavera (La danse sacrale) de l’écrivain cubain Alejo Carpentier.
Les « Musées Mobiles » ressortent dans les travaux d'extension culturelle. Lors des six dernières années ils ont parcouru – avec de nombreux échantillons et avec la collaboration de promoteurs culturels – quasi tous les centres de travail citadins, les écoles et les zones rurales d'accès difficile.
Parmi les actions pédagogiques nous soulignerons les visites adressées aux étudiants de tous les niveaux, ainsi qu’un programme qui insère la communauté au moyen des espaces habituels comme Traditions, Le cercle, Les enfants raconte leur histoire, Aché cubain et Rencontre de Recherche des Écoliers qui, à titre compétitif, siège depuis 25 ans et auquel ont pris part plus de quatre mille élèves de l'enseignement primaire et moyen.
En trois siècles d'existence, le fort Matachín s'est converti en légataire de l’histoire de Baracoa au fil du temps.
Source: Alejandro Hartmann Matos. Historien de Baracoa. Directeur du Musée Matachín
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