Des millions de personnes portent fièrement le vaccin Abdala injecté dans leur épaule, mais peu savent qu'il s'agit du nom donné par l'Apôtre cubain José Marti, dans son poème dramatique de même nom, à un jeune Africain noir qui combattit et mourut pour l'indépendance de son pays, la Nubie, envahie par les colonialistes
Abdala est la première pièce écrite par Marti, alors qu'il n'avait pas encore 16 ans. Il s'agit d'un texte d'amour pour la Patrie, écrit par un jeune homme originaire de Nubie, une région du Soudan située au sud de l'Égypte. Un poème publié dans le contexte du début de la Première guerre cubaine contre l'Espagne.
Dans ses huit scènes, le jeune Marti expose ses idéaux patriotiques et offre une vision anticipée de sa propre vie. Dans la première partie du drame, un sénateur annonce à Abdala qu'un conquérant menace d'occuper le territoire de la Nubie, et face à cette nouvelle, le jeune homme réagit avec fermeté :
(...) Et bien, dites au tyran qu'en Nubie / Il y a un Héros pour vingt de ses lances /
La troisième partie de la pièce de théâtre fait allusion à la réunion d'Abdala avec les guerriers qui vont aller faire face aux agresseurs, où il insiste : À la guerre, les braves ! Du tyran / Que le sang coule, et à son audacieuse entreprise / Que les poitrines robustes servent de murs, / Et que son sang soit le feu de notre audace !
Les quatrième et cinquième scènes sont très émouvantes, car elles reflètent la crainte de la mère pour son fils qu'elle tente de dissuader d'aller au combat, mais Abdala lui déclare qu'il ne peut pas s'arrêter et qu'il part pour le champ de bataille afin de défendre sa Patrie. Dans cette partie de l'œuvre, Marti exprime par la voix d'Abdala son concept de Patrie, qui est très connu et représentatif de son œuvre et de sa vie :
(...) L'amour, mère, pour la Patrie / ce n'est pas l'amour ridicule de la terre, / Ni de l'herbe que foulent nos pieds ; / C'est la haine invincible de ceux qui l'oppriment, / C'est la rancœur éternelle contre ceux qui l'attaquent.
Et telle une vision anticipée de ce que serait sa propre mort au combat, Marti conclut son poème dramatique alors qu'Abdala gît, mourant, mais heureux car il éprouve la satisfaction d'avoir vaincu l'ennemi.
Comme le jeune Abdala, créé dans son œuvre alors qu'il n'était qu'un adolescent, José Marti a consacré sa vie à la cause de son peuple et, c’est pourquoi il se trouva là où se livraient les batailles et qu’il affronta la mort comme il l'avait anticipé.
Le Héros national de Cuba a ainsi appliqué le précepte qu'il avait énoncé au Hardman Hall de New York, le 10 octobre 1890, lorsqu'il avait déclaré : « L’homme véritable ne regarde pas de quel côté on vit le mieux, mais de quel côté est le devoir, et c’est lui l’homme véritable. »
Et c'est cet Abdala, que nous portons dans notre épaule, transformé en vaccin, avec la même fierté patriotique avec laquelle José Marti conçut le jeune héros africain.
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