José Martí : Histoire d’un portrait


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Un peintre scandinave a légué une œuvre d’une valeur extraordinaire à tous les Cubains :

« La plume dans sa main fine et nerveuse était un attribut qui semblait faire partie de son propre être. Le caractère de l’écrivain de race est très bien interprété dans la peinture de l’artiste scandinave Hermann Norman, le seul portrait à l’huile, du naturel existant de Martí », écrit Blanche Zacharie de Baralt (1865-1947) dans son livre El Martí que yo conocí.

L’année 1891 est importante dans la vie de José Martí. Il a 38 ans et il a déjà passé une décennie en Amérique du Nord, travaillant pour survivre, mais surtout pour la cause de l’indépendance de Cuba, forgeant unité et conscience entre les migrants, recueillant des fonds, dans une incessante gestion révolutionnaire.

À la fin de mars 1891 il lit, en espagnol et en anglais, son rapport sur le bimétallisme à la Commission Monétaire Internationale à Washington, révélant sa sagacité politique et sa vision pénétrante envers ceux qui ne le connaissent pas encore. En mai, sa dernière collaboration est apparue dans le journal La Nación, en Argentine.

C’est aussi l’année que ses Versos Sencillos sont publiés à New York. Et, pour se consacrer entièrement à la cause de la révolution, il démissionna de son poste de consul d’Argentine, d’Uruguay et du Paraguay à New York.

Il prononce certains de ses discours politiques les plus importants. Dans le Hardem Hall de New York, comme motif du 10 octobre, et deux autres à Tampa le mois suivant. L’un d’eux, le 25 novembre, est connu par « Avec tous et pour le bien de tous », qu’il termine par ces mots : « et mettons autour de l’étoile sur le nouveau drapeau, cette formule de l’amour triomphant : avec tous, et pour le bien de tous ». Deux jours plus tard, il prononce une autre de ses célèbres pièces oratoires, Los Pinos Nuevos, en commémoration du vingtième anniversaire de l’exécution des huit étudiants en médecine : « Chantons aujourd’hui, devant la tombe inoubliable, l’hymne de la vie ». Le 28 novembre, les Résolutions sont approuvées par les émigrés cubains de Tampa, qui sont largement considérées comme un prologue de ce qui sera plus tard les bases du Parti Révolutionnaire Cubain. Ensuite il retourne à New York.

Il a vécut les 365 jours de 1891 en Amérique du Nord, s’y déplaçant, faisant une patrie.

C’est pendant son séjour au New Yorker qu’il accepte que l’on fasse son portrait. Voyons comment Blanche Zacharie de Baralt le raconte dans son livre susmentionné :

« Hermann Norman avait un studio sur la 14e rue, avec mon beau-frère Federico Edelmann, et l’artiste péruvien Patricio Gimeno, deux amis très proches de Martí. Il avait tellement entendu parler de ses collègues au sujet du talentueux cubain qu’il voulait le rencontrer, et Edelmann l’emmena un jour au bureau de Front Street. Le Norvégien est enthousiasmé avec la conversation de Martí, il a eu de l’admiration devant la connaissance des peintres scandinaves et avec ses fines observations sur les choses d’art ; il est tombé, comme tant d’autres, sous le charme de sa parole et il a voulu faire son portrait.

Les peintres et les sculpteurs d’aujourd’hui voulant reproduire l’image de l’Apôtre devraient étudier attentivement ce portrait qui possède le sceau de son esprit, de son caractère essentiel. Les artistes qui nous le montrent courbé, mal vêtu, n’ont pas compris le personnage, qui était ce que les Étasuniens appellent un live wire, un fil vivant, alerte, droit, soigneusement habillé, mais parfois avec pauvreté. Il est vrai qu’à cette époque, un homme qui se respectait ne se présentait jamais négligé : mais c’était surtout son attitude intérieure qui était transparente dans son apparence physique ».

Le portrait en question se trouve dans le musée Casa Natal de José Martí, rue Leonor Pérez (anciennement Paula) à l’angle de la rue Egido, dans la Vieille Havane. L’œuvre est de petit format, avec des mesures de 30 x 43 centimètres. La nationalité du peintre, selon des études ultérieures, était suédoise et non norvégienne.

La peinture possède Martí comme figure centrale, assis devant la table de son bureau. Dans la main droite il tient une plume, la gauche s’appuyant sur le bord de la table. On peut également apprécier voir l’encrier, Martí porte une jaquette noire, une chemise à col et une cravate.

La vue de l’Apôtre est arrêtée devant le portraitiste, qui a capté le front large, le regard reposé et les autres traits du visage du héros cubain. En arrière-plan, avec des traits plus vagues, on distingue l’étagère des livres et quelques diplômes sur le mur.

Il n’y a pas beaucoup de données sur l’auteur du portrait que nous possédons à Cuba et, dans certains textes, l’orthographe de son nom apparaît comme Herman Norrman, qui diffère légèrement de celle utilisée dans la plupart des cas. Mais l’essentiel est que, grâce à cet artiste, nous avons l’œuvre qui reflète le mieux, sur la toile, la personnalité de José Martí.


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